La presse Affaires, 25 mai 2009
Vous voulez consulter l’historique financier d’un chalet des Laurentides? Voir les transactions récentes dans un quartier de Québec, de New York ou de Miami? Grâce à une PME de Montréal, ces renseignements sont maintenant accessibles en quelques clics de souris sur l’internet.
JLR recherche immobilière offre sur la Toile les paramètres financiers et juridiques de 85% des immeubles du Canada et des États-Unis. Ventes, hypothèques, valeurs foncières, revenus moyens du quartier, tout y est recensé, maison par maison.
En février dernier, JLR a rendu disponible sur son site le parc immobilier résidentiel et commercial des États-Unis, grâce à un partenariat avec une firme américaine. Les informations de quelque 130 millions d’immeubles américains sont maintenant aisément accessibles, en français et en anglais. La PME a récemment signé des ententes semblables pour les immeubles de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, dont les données seront offertes sur le site au cours de l’été.
1,4 million de photos
Ces nouveaux marchés s’ajoutent à celui du Québec, en ligne depuis 2003. Pour le marché québécois, le site offre en plus les photos de 1,4 million de propriétés, soit près de 60% du parc immobilier du Québec. Ces photos ont été prises manuellement, au fil des années.
L’histoire folle de cette PME a commencé en 1987 lorsque l’entrepreneur Jacques Laroche a eu l’idée d’offrir aux banques et aux agents immobiliers un catalogue des plus récentes transactions immobilières notariées. Ses informations provenaient principalement des bureaux d’enregistrements immobiliers des régions de Montréal et de Québec.
Aujourd’hui, c’est son fils Félix Laroche, âgé de 31 ans, et le partenaire Christian Boivin, 36 ans, qui gèrent les activités quotidiennes de JLR. «À l’époque, mon père arrivait à la maison la fin de semaine avec une pile de papiers; il fallait faire du découpage et classer les transactions rue par rue», raconte Félix Laroche, que La Presse Affaires a rencontré dans les bureaux de la rue Saint-Marc, à Montréal, avec Christian Boivin.
Le site JLR.ca est accessible à monsieur et madame Tout-le-monde, mais ce sont principalement les entreprises et organismes publics qui l’utilisent. JLR compte entre 6000 et 10 000 clients, parmi lesquels se trouvent la SCHL, la Banque Nationale, Revenu Québec et le ministère des Transports du Québec. À ce groupe s’ajoutent les professionnels de l’immobilier, tels les courtiers, les notaires et les investisseurs.
Ces clients sont prêts à payer une bonne somme pour obtenir ces informations détaillées et classées. L’abonnement coûte 200$ par année, et JLR facture en plus 3$ pour chaque recherche effectuée au Québec, 10$ pour une recherche aux États-Unis et 14$ pour l’Ontario. Plusieurs des plus grands clients ont préféré conclure des ententes forfaitaires de cinq ans avec JLR pour une utilisation illimitée du produit.
Ces clients ont permis à l’entreprise de franchir les 2,5 millions de dollars de revenus par année, ce qui fait vivre 22 employés et consultants. «On ne se garde pas de profits; on réinvestit tout», dit Félix Laroche.
Les besoins varient évidemment en fonction des clients. Certains utilisent l’outil du site qui permet de produire une liste de transactions comparables dans un secteur, carte géographique à l’appui. D’autres veulent les plus récentes saisies d’immeubles à revenus de Laval. Enfin, à des fins de marketing, des clients peuvent plutôt choisir de faire produire une liste des propriétés de plus de 450 000$ dans l’ouest de l’île de Montréal, par exemple.
Aux États-Unis
Aux États-Unis, les bases de données sont plus exhaustives. Les fiche coprennent non seulement les renseignements financiers et les actes de vente, comme au Québec, mais aussi la superficie de la propriété, le nombre de pièces et le fin détail des emprunts hypothécaires. Même le taux de criminalité du secteur y est recensé.
Les années 2002 et 2003 ont été particulièrement difficiles pour JLR, avec l’informatisation des registres fonciers. Il a fallu prendre le virage internet, s’adjoindre un expert en informatique en la personne de Christian Boivin et recourir aux cartes de crédit, avec des taux d’intérêt frisant les 30%.
Après deux ans de vaches maigres, l’entreprise s’est finalement renflouée et ô surprise! son principal concurrent a jeté les armes en 2005. «La filiale québécoise de l’entreprise américaine Teela est venue nous voir pour nous dire qu’on avait gagné», explique Félix Laroche.
Pas de récession
L’acquisition de Teela a donné de l’allant à JLR, si bien qu’aujourd’hui elle ne sent pas les effets de la récession. L’entreprise veut maintenant continuer d’ajouter de la valeur à son produit par rapport aux bases de données publiques existantes. Éventuellement, le site sera accessible par téléphone cellulaire et pourrait comprendre certains pays européens.
Les deux jeunes entrepreneurs restent prudents, néanmoins, et ne courent pas après le financement. «On veut rester autonome; on ne sent pas le besoin de grandir trop vite», dit Christian Boivin, selon qui JLR n’a aucune dette, à part l’hypothèque. Alors, une petite analyse du marché des appartements en Floride?