Les Affaires, 24 oct. 2009
Orckestra, une entreprise de consultation en technologies de l’information, connaît une forte croissance en aidant des entreprises à s’intégrer à l’économie numérique. Entre autres, elle a conçu un site d’achat en ligne pour une chaîne d’épicerie et travaille à rendre ce site accessible aux non-voyants. Mais la PME montréalaise est victime de son succès : elle peine à recruter du personnel qualifié.
Orckestra s’est classée deuxième au palmarès annuel des entreprises émergentes du Profit Hot 50 et au 24e rang au Canada. Ses revenus ont bondi de 355 % en deux ans, passant de 526 600 $, en 2006, à 2 398 400 $, en 2008. En raison de la récession, sa croissance a nettement ralenti, même si elle devrait afficher une progression enviable de 10 à 15 % en 2009 et de 10 à 25 % en 2010.
Toutefois, cette croissance impose un défi à la PME montréalaise : elle a de la difficulté à recruter du personnel spécialisé. « Au cours de la prochaine année, j’embaucherais bien une quinzaine de spécialistes, surtout de niveau universitaire, pour combler nos besoins. Mais je me demande où je vais les trouver », dit Louis Fournier, président et cofondateur d’Orckestra.
Victime des effets pervers de la bulle technologique
L’explosion de la bulle technologique au début des années 2000 a découragé bien des jeunes d’entreprendre des études parce qu’ils ne croyaient plus pouvoir trouver un bon emploi dans ce secteur, dit l’entrepreneur de 37 ans.
Les jeunes recommencent à s’intéresser à la profession, mais il y a eu un creux de sept ans qui nuira longtemps aux entreprises.
Quand les jeunes font carrière dans le secteur technologique, ils sont souvent attirés par l’industrie du jeu vidéo, plus glamour que la consultation. Pas question d’aller débaucher un employé d’une société concurrente, car Orckestra ne veut pas déclencher les hostilités et perdre à ce jeu.
Pour couronner le tout, une PME de 26 salariés comme Orckestra ne peut employer une personne qui s’occupe à temps plein de ses ressources humaines. Quant aux chasseurs de têtes, leurs services sont chers, dit M. Fournier, qui n’a pas toujours été satisfait de leurs résultats.
«Ne croyez pas que nous payons moins nos employés que ne le font nos concurrents, affirme le président d’Orckestra.» Si c’était le cas, nous ne serions pas en affaires longtemps.» Orckestra fait du recrutement dans les universités, participe à des foires de l’emploi et songe même à créer une bourse pour rehausser son profil auprès des étudiants.
Virage numérique
Orckestra a été fondée en 2006 par Louis Fournier, titulaire d’une maîtrise en génie logiciel de l’UQAM, et Vincent Trépanier, 28 ans, ingénieur informatique de l’Université McGill, vice-président exécutif. Ils détiennent chacun 47 % des actions de la société.
Orckestra conseille les entreprises dans leur adaptation à l’économie numérique. Par exemple, elle a aidé Air Transat à relier tous les voyagistes à sa centrale de réservation et a conçu le site Web d’achat en ligne d’IGA.
«Nous travaillons présentement avec l’Institut Nazareth et Louis-Braille et IGA pour que les personnes aveugles puissent utiliser ce service», explique M. Fournier.
La PME a également comme clients le distributeur de pièces d’autos UAP, le Canadien National et la société italienne born4shop.com, qui ne vend que sur le Web des fins de série de vêtements et de chaussures qu’elle recueille auprès de plusieurs fabricants.